Fadela Benrabia | Préfète déléguée à l’égalité des chances de Seine Saint-Denis (2016-2019)
Dans cet entretien vidéo accordé à Luc Faraldi et Michel Didier en 2020, Fadela Benrabia revient sur les débuts de son parcours, et en particulier sur sa rencontre décisive avec les Centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active (CEMEA). Elle témoigne ensuite de son expérience de Préfète déléguée à l’égalité des chances en Seine-Saint-Denis, de 2016 à 2019. Elle défend une approche de terrain de la politique de la ville, en insistant sur l’importance des associations de quartier, dont elle interroge l’absence des cercles de décision. Elle prône l’idée que la transformation des quartiers populaires ne peut passer que par un travail de fond, à hauteur d’habitants, loin des effets d’annonce. Enfin, elle rappelle l’importance de résorber les fractures territoriales, malgré la difficulté d’articuler politiques spécifiques et promesses d’universalité.
François Lamy | Ministre de la Ville (2012-2014) | La concertation en pratique
Dans cet entretien vidéo exclusif accordé à Michel Didier en 2015, François Lamy revient sur ses objectifs lorsqu’il est nommé ministre délégué chargé de la Ville en mai 2012. Car son mandat ministériel sera bref mais intense avec l’adoption d’une loi de programmation redéfinissant la géographie prioritaire, une mutation des outils de la politique de la ville et un rapport confié à Marie-Hélène Bacqué et Mohamed Mechmache sur le pouvoir d’agir des habitants des quartiers populaires.
Lakdar Kherfi | Acteur associatif | Au cœur des Années banlieues
Dans cet entretien, Lakdar Kherfi revient sur sa jeunesse au Val Fourré, à Mantes-la-Jolie. Il raconte sa découverte, au début des années 1980, des politiques de développement social menées dans son quartier ; en particulier, sa rencontre avec la Mission locale, nouvellement implantée, qui a selon lui encouragé l’émergence d’une dynamique collective parmi les jeunes du grand ensemble. C’est dans ce contexte qu’il cofonde en 1983, avec ses frères et sa sœur, l’association Vivons Ensemble, pionnière dans l’auto-organisation des jeunes de quartier. Il retrace cette aventure collective, de l’action locale jusqu’à son engagement dans la structuration d’un mouvement national des jeunes de banlieue. Cet entretien laisse entrevoir toute l’ambivalence de son rapport aux institutions, oscillant entre reconnaissance et déception. Lakdar Kherfi conclut néanmoins sur une note d’espoir : l’avenir des quartiers populaires repose sur la confiance faite à une jeunesse créative, qu’il faut accompagner et valoriser.
Claude Brevan | « DIV » (1998-2005) | Le tournant des années 2000
Dans cet entretien vidéo accordé à Luc Faraldi en 2015, Claude Brévan revient sur sa prise de fonction de Déléguée interministérielle à la Ville en 1998 alors que la DIV doit notamment relever le défi d’une nouvelle génération de contrats de ville et que le rapport Sueur préconise une concentration des efforts de l’État sur un nombre limité de sites. Puis elle évoque la création de l’ANRU, suivie par celle de l’Acsé, qui constitue un moment difficile pour la DIV, qui a le sentiment d’être dépossédée d’une partie importante de ses interventions. Elle conclut sur la double nécessité de faire confiance aux habitants et de tenir un discours subtil et nuancé sur les quartiers sensibles, loin de toute diabolisation mais aussi de tout angélisme.
Roland Castro (1940-2023) | Architecte politique | Co-fondateur de Banlieues 89
Dans cet entretien vidéo accordé à Michel Didier en 2020, Roland Castro raconte sa rencontre avec le président François Mitterrand en 1983, qui débouchera sur la mission Banlieues 89 (1983-1991), moment significatif de l’histoire de la politique de la ville. Il rappelle l’inventivité de ce mouvement qui réunira, plusieurs années durant, concepteurs et maires de banlieue. Architecte politique, il pointe cependant les limites de l’intervention urbaine tout en saluant « le miracle Borloo » et le Programme national de rénovation urbaine de 2004. En conclusion, il s’interroge sur la difficile conciliation du temps démocratique et du temps de la ville. Et plaide pour le droit à la beauté pour tous.
Chantal Talland | Directrice de l’ERU (2005 - 2022) | Former au renouvellement urbain
Dans cet entretien vidéo accordé à Michel Didier en 2020, Chantal Talland parle de son engagement dans la politique de la ville depuis la fin des années 80. Elle évoque son travail sur le terrain, notamment dans le quartier du Franc-Moisin à Saint-Denis (93), où elle s'est intéressée à la manière dont les habitants perçoivent leur cadre de vie, inspirée par le concept d’"épidémiologie du ressenti" d’Antoine Lazarus. Critiquant le modèle urbain des grands ensembles, jugé inadapté et facteur de relégation sociale, elle souligne l'importance du renouvellement urbain, présenté comme un outil central de la politique de la ville, tout en insistant sur l'indissociabilité entre action urbaine et action sociale. Elle met également en avant la nécessité de former tous les acteurs du renouvellement urbain, y compris les habitants, dans une démarche participative. Pour conclure, Chantal Talland met en garde contre une dilution de la politique de la ville dans une approche plus large qui oublierait les spécificités des quartiers les plus en difficulté.
Bénédicte Madelin | Directrice de Profession Banlieue (1993-2014) | La Seine Saint-Denis au cœur
Dans cet entretien vidéo accordé à Michel Didier en 2021, Bénédicte Madelin revient sur sa rencontre avec le Développement social des quartiers (DSQ) au début des années 1980 à Creil (Oise). Puis raconte comment en 1993 elle est devenue directrice de Profession Banlieue en Seine-Saint-Denis, au moment de la création de ce premier centre de ressources des professionnels de la politique de la ville. Cette démarche la mobilisera pendant plus de vingt ans avec la conviction qu’il faut partir des pratiques professionnelles, en les croisant avec la recherche, pour réfléchir à l’action mise en œuvre dans le cadre de la politique de la ville.
Maurice Charrier | Maire de Vaulx-en-Velin (1985-2009) | Militant de la ville « émancipatrice »
Dans cet entretien vidéo accordé à Luc Faraldi et Michel Didier en 2015, Maurice Charrier raconte les défis qu’il a dû relever comme maire d’une commune de la banlieue lyonnaise, confrontée dès la fin des années 1970 à de fortes tensions jusqu’à la mort d’un jeune en octobre 1990, qui déclenchera de véritables émeutes. Il souligne le rôle décisif de la coopération entre sa municipalité et la communauté urbaine de Lyon pour conduire une véritable politique de transformation urbaine et conforter les atouts de Vaulx-en-Velin et de ses habitants. Une politique animée par sa volonté de « redonner à la ville ses capacités émancipatrices ».
Jean-Marie Delarue | « DIV » (1991-1994) | Pour structurer la politique de la ville
Dans cet entretien vidéo accordé à Luc Faraldi et Michel Didier en 2015, Jean-Marie Delarue revient sur les circonstances de sa prise de fonction comme successeur d’Yves Dauge à la tête de la Délégation interministérielle à la ville (DIV). Nommé en juillet 1991 par Michel Delebarre, alors ministre d’État, il accompagne le passage d’une politique de la ville considérée comme « artisanale » à une politique publique structurée. Auteur d’un rapport qui a fait date, La relégation, il s’attache à structurer cette politique, notamment avec les sous-préfets Ville, tout en plaidant sans relâche pour une meilleure écoute des habitants des quartiers.
Yves Dauge | Premier « DIV » | Face au défi de l'interministérialité
Né en 1935 à Fontevraud-L’Abbaye (Maine-et-Loire), Yves Dauge est un homme politique français, membre du Parti socialiste, qui a mené une carrière marquée par son engagement dans les domaines de l’urbanisme, de l’architecture et du patrimoine. Parallèlement, il a exercé d’importants mandats électifs dans sa région d’origine, notamment comme maire de Chinon (1989-2006), député (1997-2001) puis sénateur d’Indre-et-Loire (2001-2011).